Ce témoignage de malade de Lyme a été récolté par l'association "Le droit de guérir". Les dégâts et souffrances causés par cette maladie ne peuvent plus être niés.
Si vous êtes vous même malade et que vous souhaitez témoigner à votre tour, rendez-vous à l'adresse http://temoignages.ledroitdeguerir.com/formulaire.php.



Laure H. (38)

En errance médicale pendant 4 ans



Je me souviens très bien de ce jour de mai 2013.
Après une journée jardinage, je m'étonne de la taille de ce grain de beauté, dans le cou... qui a... des petites pattes qui s'agitent !!!
Mon mari et moi, on connaît Lyme. On fait ça bien : tire-tique, tourner délicatement.
Il n'y aura pas d'érythème... Pas l'ombre d'un début de rougeur. J'oublie.

Je ne fais pas le lien quand 6 mois plus tard, je commence à être "malade", fébrile à longueur de temps : fiévreuse, maux de tête, courbatures, raideurs...
Une bonne grippe, mais sans symptômes ORL. A la place, la sensation d'être saoule tout le temps : je ne repère plus bien mon corps dans l'espace, suis désorientée par chaque mouvement, mon équilibre se fait la malle.
Je vais consulter, mais la généraliste, à défaut de comprendre, me mettra sous antidépresseurs au bout de 6 mois.
Et me diagnostiquera une mononucléose encore 6 mois plus tard... A 38 ans... sachant qu'à 5 ans, 90% des enfants sont déjà immunisés contre cette maladie commune...
Bon. Rien à faire, attendre que ça passe.
Mais ça ne passe pas. La mononucléose oui, les symptômes non.

Le parcours du combattant commence : l'infectiologue écarte la piste infectieuse ;
l'endocrino la piste endocrino ;
L'ORL la piste ORL ;
l'interniste la piste auto-immune, etc...
Avec chaque fois un retour chez la généraliste pour pouvoir aller chez le médecin suivant.
Jamais aucune réponse.
Le chef de médecine interne finira pas déclarer qu'on ne saura probablement jamais ce que j'ai, et qu'il faut apprendre à vivre avec...

J'ai dû arrêter mon travail de thérapeute.
Mon esprit ne fonctionne pas mieux que mon corps.
J'étais auto-entrepreneur. Je n'ai droit à rien.
Mais je n'ai pas le choix : parfois quand on me parle, je comprends tous les mots, mais cela ne forme aucun sens dans mon esprit... Rien. Le vide
Même les fois où il y a bien l'impulsion, où je sens confusément que je sais des choses sur le sujet, je n'y ai pas accès, le courant ne suit pas derrière.
L'étincelle se ratatine comme un soufflet.
Et mon  corps aussi : je me rétracte, comme un vieux légume.
Sur les muscles douloureux.
Sur les articulations enflées et les coups de lame quand je les bouge.
Sur les tendons, les nerfs, vas savoir, qui tirent et qui lancent.
Les poumons, aussi, se rétractent.
Je ne respire plus.
Et ne suis bien qu'en boule.
De toutes façons, je n'arrive plus à me déplier, alors...

Il faudra que je passe un test Lyme, encore négatif, mais cette fois fait dans un labo qui indique les résultats de chaque marqueur, pour qu'un médecin formé à Lyme puisse déterminer que c'est bien ça. Après 4 ans.

Le parcours du combattant recommence, cette fois pour tenter d'arriver à bout de la bactérie.
6 semaines d'antibio feront disparaître presque tous les symptômes, mais 2 mois plus tard, tout revient encore bien plus fort.

Alors on recommence... Plus fort aussi.
A suivre